When you have nothing to do... Smile [Pv]

En cette journée ensoleillée, Ravi avait choisit de se rendre dans le centre-ville. Rick avait vaillamment décidé d’enfin sortir de l’appartement et de prendre la voiture pour que son fils ait la chance de prendre l’air – ce que lui-même ne faisait presque jamais, trop prit par son scénario. Il le déposa devant le quartier réservé aux jeunes adolescents et s’en alla en lui faisant quelques signes de la main gauche, l’autre toujours posée sur le volant. Ravi resta planté quelques minutes sur le trottoir, comme s’il avait momentanément oublié les raisons qui l’avait poussé à se rendre là. Il jeta un coup d’œil vague à la façade d’une banque devant lui, puis se retourna lentement en évitant des passant vêtus très sobrement, prêts à se rendre au travail. Quelqu’un de sensé aurait certainement regardé l’heure pour savoir combien de temps il lui restait avant que son père revienne le chercher, mais Ravi n’était pas comme ça. Il ne se souciait pas vraiment du temps ou des horaires. Pour lui, il fallait vivre au jour le jour, de manière à vivre pleinement son existence. De cette façon, il réfléchissait rarement au passé et encore moins au futur. Il n’aimait pas prévoir à l’avance, cela lui donnait quelque chose, comme une pression qui l’empêchait d’avancer correctement. Après avoir passé une bonne dizaine de minutes, il décida d’aller s’asseoir sur le banc devant le cinéma et d’enfin penser à ce qu’il pourrait bien faire. Il sortit une carte bancaire de sa poche. La plupart des bâtiments pouvaient êtres payés de cette manière, désormais. Le cinéma c’était déjà rayé de la liste… Il détestait aller voir des films ; qui plus est seul. Il était vrai qu’avec sa manie de tout tenter de deviner à l’avance… c’était, comment dire, chiant ?

Il jeta un coup d’œil, tout de même, à la vitrine où étaient affichés sur téléviseur les différents films qu’ils présentaient. Ça avait l’air tellement… hum… Laid. Ravi raya donc définitivement le cinéma, et pense à aller faire un tour à l’Arcade. Encore là, il se représentait mal le fait de dépenser l’argent qu’il gagnait en effectuant quelques petits boulots pour les voisins dans des jeux vidéo. Il raya donc également l’arcade de sa liste de sortie. Sentant sa gorge manquer de salive, il décida finalement d’aller faire un tour au café, histoire de ne pas mourir déshydraté. La serveuse l’accueillit avec un large sourire. C’était une fille qu’il connaissait bien… Elle était encore au lycée, comme lui. Ravi ne se souvenait cependant plus de son nom, et il fut gêné de voir qu’elle, savait le sien. Il alla s’asseoir à une table près de la fenêtre, son cappuccino glacé à la main. Le calme du petit endroit le calmait aussi… La serveuse avait ouvert la fenêtre, et les rideaux bougeaient au gré du vent frais, venant se réfugier malgré elles sur l’épaule de Ravi qui, ne protestant pas outre mesure, buvait tranquillement en mordillant sa paille comme il avait la mauvaise habitude – selon sa mère – de faire. Vers quinze heure de l’après-midi, Ravi se retrouva seul avec la serveuse qui lisait le journal en sifflotant un air de musique japonaise dont Ravi n’aurait su dire le titre. Il se surprit à écouter les coups de la trotteuse sur l’horloge qui faisait le tour du cadran avec un petit bruit sympathique aux oreilles du jeune homme. Il plaça une mèche de ses cheveux rouge derrière son oreille et finit son cappuccino en n’oubliant pas de prolonger le plaisir en aspirant le fond du verre de plastique en faisant bien du bruit, irritant la serveuse qui lui jeta un sachet de sucre en plein visage.

Un calme sourire s’installa sur son visage tandis qu’il retournait au comptoir pour commander une deuxième fois la même chose. La serveuse écrasa une mouche contre le comptoir, tapant sur le clavier digital de sa caisse enregistreuse un code quelconque.

‘Hey… dis-moi… t’as une petite amie ?’

La question le surprit. Avait-t-il une petite amie ? Idiot… Pourquoi se reposait-t-il la question à lui-même ? Il savait très bien qu’il n’avait personne dans sa vie amoureuse. Pourtant, il se permettait d’en douter, sans savoir exactement pourquoi. Depuis Lenalee, il n’y avait eu personne d’autre, et comme elle avait été la première… Ce n’était pas normal, à dix-sept ans, de n’avoir eu qu’une petite amie ? Et alors ? Cela devait-t-il lui importer… Il était tellement perdu dans ses pensées que la demoiselle dû se reprendre à trois fois avant qu’il ne semble se réveiller de sa transe et qu’il arrive à lui balbutier :

~ « Non, pourquoi ? »

Il n’aurait pas du lui demander pourquoi. C’était absurde, la demoiselle avait clairement un œil sur Ravi et celui-ci trouvait le moyen de faire encore le con et d’oublier de penser avant de dire ce qu’il avait à dire. Il lui tendit sa carte pour payer, puis regarda dans tous les sens, jusqu’à examiner profondément les craques dans les panneaux qui ornaient les murs pour éviter le regard de la jolie lycéenne de seize ans qui était en train de, paraissait-t-il, lui poser une question des plus explicites. Elle répondit d’une voix parfaitement claire, sans aucune once de gêne, l’air plus déterminé que jamais… Hé oui, il avait retrouvé le courage de la regarder. Elle était plutôt grande pour son âge, mince, blonde. Ses grands yeux chocolats l’examinait avec une curiosité mal placée et ses longs doigts effleurèrent avec un peu trop d’ardeur ceux de Ravi lorsqu’elle lui redonna sa carte. Il se surprit à frissonner sous ce contact aguicheur, sans plus. Elle était le genre de fille dont tous les mecs de son âge rêvent en cachette. Elle était sexy et elle s’assumait complètement, alors pourquoi il savait déjà comment ça allait se terminer ? Il savait ce qu’elle allait lui dire, il savait ce qu’il lui répondrait. Puis, il retournerait sagement à sa table, finirait son cappuccino et partirait sans un mot et ils ne se reparleraient plus jamais. Et ce fut exactement ce qui se passa lorsqu’elle lui proposa de sortir. Il refusa poliment et retourna s’asseoir en regardant l’heure, le cou tendu au maximum. Il avait soudainement hâte qu’il soit dix-huit heure et que Rick vienne le chercher avec sa voiture neuve, sa casquette sur la tête et ses yeux bleus lui souriant derrière ses lunettes couleur carmin. L’imagination lui jouait probablement des tours, car il crût sentir une araignée lui glisser le long de la jambe. À l’aide de son pied, il chassa l’insecte imaginaire et jeta un coup d’œil à l’extérieur. Le soleil était fort et il lui brouillait la vue, si bien qu’il surprit son œil à se remplir d’eau. Essuyant rapidement son œil avec un papier qu’il trouva – n’oubliant pas de vérifier que personne ne le regardait. Le hasard voulut qu’à cet instant la petite cloche de la porte d’entrée sonna, laissant deviner un nouvel arrivant qui était très susceptible de l’avoir vu s’essuyer l’œil… Que penserait-t-il ? Sans doute que Ravi était un garçon bien émotif. Tout cela le gênait un peu, ou l’inquiétait, plutôt. Il pâlit légèrement, se déplaçant sur sa chaise pour éviter d’avoir à regarder l’arrivant, quel que soit son sexe ou son âge…

‘Bienvenue !’

Scanda la serveuse avec une joie non contenue. Ravi aurait parié que le nouvel arrivant était un garçon… et un garçon mignon d’après l’accent roucoulant de la voix de la jeune demoiselle. Il ne chercha pourtant pas à les regarder, toujours dans la contemplation de sa paille mordillée.